A l'étrave
Il se redessine à chaque mile. Un autre horizon emplit à nouveau l'espace. Il ne peut pas être vu, filant lui aussi dans le temps d'une pensée, une expectative trop désirée, une nostalgie pas encore vécue. Une trop forte attache nous relie aux ports. Elle se délie au goût amer et vague de ce chagrin sans larmes qui nous a poussés là. Maintenant, loin de tout, après ou avant l'escale, le bateau, lui, il s'en fout. Et le bout-dehors se tend dans son prémisse de sillage. La mer est un miroir... Mais, s'il n'y a pas de figure à la proue, alors à quoi sert-il d'avoir le vent en poupe ? La finalité n'en tolère que peu l'importance. Il y a tant de reflets à l'instant que l'essentiel n'est jamais là où il voulait être attendu. Il s'octroie une pose dans ce défilement. Sans destination, il est passé à cet endroit, un moment, à l'étrave.
Série en cours...
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